People are Strange when you're a stranger.

Etranger.

Devenir l'étranger, le métèque, le barbare, qu'importe. Tant que cela signifie que plus aucun lien ne subsite entre eux et moi. Je traverse 2 rues de la ville pour aller acheter du pain et ils me regardent tous comme un animal en voie d'extinction. Ici, c'est un peu un zoo ou une foire permanente, seulement ce n'est plus le visiteur qui vient observer l'animal, c'est l'animal qui est contraint de venir se montrer dans l'environnement naturel du spectateur. C'est du voyeurisme. Malsain, grotesque et méprisable.

Comment expliquer ce penchant pervers? Il existe un théorème psychologique logique et primordial : plus le zoo est petit, plus la différence est évidente et constitue un problème sérieux pour la masse.

L'attitude devant un élément suspect est très simple. Tout d'abord, l'individu note la différence et traduit l'acquisition de l'information par le regard : celui ci devient insistant, méprisant, offusqué ou étonné, selon le cas. Ensuite, l'individu reprend le cours normal de sa vie, mais l'information de l'anomalie reste présente dans son cerveau. Elle se loge dans une partie de l'esprit qui a un rôle à peu près similaire à la digestion. Durant celle ci, l'information est triée puis envoyée dans d'autres cases de l'encéphale de l'individu ayant des rôles différents. Il y a la case enquête, qui sera chargée de rechercher des informations sur l'anomalie détectée ; la case synthèse devra analyser avec minutie l'individu pour pouvoir avancer des hypothèses sur l'étranger ;  quant à la case de conclusion, elle devra rassembler les éléments trouvés par la case enquête et la case synthèse et trouver entre eux des liens logiques cohérents. La case colportrice, elle, aura pour rôle de répendre les informations envoyées par la case de conclusion.

L'ensemble de ce mécanisme est dirigé et influencé par un liquide viscéral et cérébral sombre et entêtant qui contient les valeurs et les idéaux communs des individus.

Ainsi, l'anomalie ne peut faire 4 pas dans le zoo sans être dévisagée, et même, quand elle est tranquilement chez elle, une rumeur sourde rugit dans le zoo et elle ne s'évanouit jamais...

Alors oui, partir, m'enfuir, dégager, m'en aller, j'y aspire.

L'anonymat des grandes villes, marcher sans être remarquée, que les gens ne parle de moi que pour ce que je suis et je fais vraiment, et non pour ce qui les arrange de dire sur moi. Avoir la paix. Ne plus être jugée. Ne plus subir la stupidité de ces bourgeois complexés.